Manpower
Deux
ans à l'essai pour une nouvelle embauche en CDI, c'est la mesure phare,
annoncée hier par Dominique de Villepin, pour les entreprises de moins
de dix salariés. Sachant que dans le secteur de la presse pro une
majorité de revues sont éditées par des sociétés ou des empilements de
structures de moins de dix salariés, on ne peut que redouter les effets
pervers d'un tel dispositif.
Ces dernières années, le curseur des
éditeurs s'est clairement déplacé de la qualité vers la rentabilité
afin de s'adapter à l'amigrissement constant des revenus publicitaires.
Comment, dans ces conditions, imaginer que cette mesure ne soit pas
pervertie.
Alors que les contrats de qualification sont devenus un mode fonctionnement incontournable (cf le post "écrivez jeunesse, ça ne mange pas de pain"),
quel sera l'intérêt pour une petite entreprise de presse de dépasser ce
seuil des deux ans sachant que le marché regorge de cartes de presse
sans emploi ? En institutionnalisant cette précarité, on aboutira
fatalement à une paupérisation des revenus pour l'ensemble des
journalistes. Quant au statut des pigistes, CDI classiques de fait
après quelques mois de collaborations régulières, que deviendra-t-il ?
Nos
lendemains risquent de ressembler à un intérim permanent, avec tout ce
que cela implique sur la qualité de l'information et le respect de la
déontologie.