Ecrivez jeunesse, ça ne mange pas de pain
Ca
décoiffe ! Un vent de jeunesse souffle dans la majorité des rédactions
de la presse pro. Depuis déjà quelques années, la moyenne d'âge a
considérablement chuté. Les nouveaux venus ont entre 20 et 25 ans, de
l'énergie à revendre, des espoirs plein la tête et les poches bien
trouées.
La presse se serait-elle découvert une vocation
pédagogique soudaine ? Pas tout à fait. Plutôt un moyen pratique de
remplir ses colonnes à moindre coût. "Contrat de qualif" qu'ils
appellent ça. 5 semaines en entreprise, 2 à l'école, quelques centaines
d'euros pour le stagiaire et des charges minimum pour l'éditeur. Et
encore ne parlons pas des stages non rémunérés, pour lesquels se
battent des cohortes d'étudiants !
Permettre aux apprentis
journalistes de se frotter aux réalités concrètes du métier, voilà une
idée louable. En théorie. En pratique le système est dévoyé. Dans
nombre de titres, un contrat de qualif chasse l'autre. Ces jeunes, qui
viennent se former, sont devenus d'un coup de baguette magique des
journalistes quasi permanents.
Sans doute conscient des
dérives, le législateur a modifié quelques dispositions et rebaptisé
l'ensemble "contrat de professionnalisation". Cautères sur une jambe de
bois. Dans nos petites rédactions, ces étudiants ne sont pas vraiment
pris en main. Ils sont formatés plutôt que formés. Et pourtant leurs
contributions rédactionnelles sont devenues conséquentes quand ce n'est
pas essentielles… Mais pour quelle expertise ? Quelle crédibilité ? Peu
importe. Economiquement, le calcul est simple : un contrat de qualif
plus une pige par ci par là, c'est bien plus rentable qu'un véritable
emploi salarié. Le pire ? Même exploités, ils sont ravis, ces jeunes
qui ont mis un pied dans la place et croient pouvoir faire leur trou.
Le signe est bradé.
D'où une difficulté certaine quand tu dépasses les 25 ans et, qu'en
plus, tu demandes à être payé pour le travail fourni… Quelle
outrecuidance ! Faudrait voir à rester réaliste…
Quoique… Il
semblerait, qu'à force d'abus, le contrat de qualif pour les
journalistes soit sur le point d'être supprimé. Le très installé CFPJ
ne renouvellerait pas l'expérience. Mais pas de nouvelles du décret
d'application de la loi. En attendant, rêvons un peu…