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Presse pro... mais de quoi ?
18 janvier 2005

Ecrivez jeunesse, ça ne mange pas de pain

reporter3Ca décoiffe ! Un vent de jeunesse souffle dans la majorité des rédactions de la presse pro. Depuis déjà quelques années, la moyenne d'âge a considérablement chuté. Les nouveaux venus ont entre 20 et 25 ans, de l'énergie à revendre, des espoirs plein la tête et les poches bien trouées.
La presse se serait-elle découvert une vocation pédagogique soudaine ? Pas tout à fait. Plutôt un moyen pratique de remplir ses colonnes à moindre coût. "Contrat de qualif" qu'ils appellent ça. 5 semaines en entreprise, 2 à l'école, quelques centaines d'euros pour le stagiaire et des charges minimum pour l'éditeur. Et encore ne parlons pas des stages non rémunérés, pour lesquels se battent des cohortes d'étudiants !
Permettre aux apprentis journalistes de se frotter aux réalités concrètes du métier, voilà une idée louable. En théorie. En pratique le système est dévoyé. Dans nombre de titres, un contrat de qualif chasse l'autre. Ces jeunes, qui viennent se former, sont devenus d'un coup de baguette magique des journalistes quasi permanents.

Sans doute conscient des dérives, le législateur a modifié quelques dispositions et rebaptisé l'ensemble "contrat de professionnalisation". Cautères sur une jambe de bois. Dans nos petites rédactions, ces étudiants ne sont pas vraiment pris en main. Ils sont formatés plutôt que formés. Et pourtant leurs contributions rédactionnelles sont devenues conséquentes quand ce n'est pas essentielles… Mais pour quelle expertise ? Quelle crédibilité ? Peu importe. Economiquement, le calcul est simple : un contrat de qualif plus une pige par ci par là, c'est bien plus rentable qu'un véritable emploi salarié. Le pire ? Même exploités, ils sont ravis, ces jeunes qui ont mis un pied dans la place et croient pouvoir faire leur trou.
  Le signe est bradé.
D'où une difficulté certaine quand tu dépasses les 25 ans et, qu'en plus, tu demandes à être payé pour le travail fourni… Quelle outrecuidance ! Faudrait voir à rester réaliste…
Quoique… Il semblerait, qu'à force d'abus, le contrat de qualif pour les journalistes soit sur le point d'être supprimé. Le très installé CFPJ ne renouvellerait pas l'expérience. Mais pas de nouvelles du décret d'application de la loi. En attendant, rêvons un peu…

 
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Commentaires
K
Ce serait sympa d'arrêter de prendre les jeunes pour des imbéciles prêts à brader leur travail et à tirer dans les pattes de leurs aînés sans remords. Personnellement, lorsque j'effectue un stage non rémunéré (j'en ai fait deux, deux fois 15 jours), je peux vous garantir que les questions que je pose inlassablement rentabilisent largement mon travail. A partir du moment où je suis opérationnel, il me paraît évident que je mérite un salaire, fût-il inférieur à celui d'un vrai journaliste.<br /> <br /> Pour tout dire, moi qui suis à la recherche d'un contrat de professionalisation, je n'ai pas postulé dans ma région d'origine parce que je ne voulais pas faire de concurrence déloyale aux jeunes journalistes que je connais. <br /> <br /> Mais je suis obligé de passer par là parce que je n'ai pas les moyens financiers, ni l'envie, ni le niveau universitaire nécessaires pour intégrer une grande école en formation initiale. <br /> <br /> Interdire les contrats de professionalisation et continuer à exiger des journalistes qu'ils soient surdiplômés, c'est obliger les jeunes à passer par des écoles, ça veut dire faire augmenter mécaniquement le nombre d'écoles privées, ça veut dire sélection par l'argent... Est-ce vraiment mieux?
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