Vous me ferez relire ?

Driiiiiiing !
« - Bonjour, Mlle Martin de la World Company, je vous passe M Duschmoll
- Ah…
- Bonjour. Comment allez-vous ? Vous avez fini votre article ? J'ai hâte de le lire ! Vous me l'envoyez comme convenu. Aujourd'hui, par mail ?
- Euh… enfin … oui … c'est cela.»
Clic…
Lassitude.
A quelques nuances près, plus subtil ou plus installé, ça se passe toujours comme ça. Ton premier lecteur, ce n'est pas l'un de tes abonnés, ou ton rédac chef, mais LUI. Lui qui a un intérêt objectif à la parution de l'article. Comment refuser ? Comment se mettre à dos la toute puissante World Company, grand contributeur publicitaire devant l'éternel. Ta hiérarchie ne te soutiendra pas, au contraire elle abonde. Et même si tu te cabres, autant t'accrocher une étiquette de pestiféré pour ta prochaine recherche d'emploi.
De guerre lasse, tu appuies sur Envoi.
La résistance s'organise pourtant, à la marge. Le lendemain, les modifications de M Duschmoll arrivent. Elles seront discutées pied à pied. Surtout, essayer de garder l'angle, la tonalité… les quelques infos. « Enfin M Duschmoll, ce n'est plus crédible ! ». On sauve ce qui peut l'être, à commencer par les apparences. Mais souvent ça ne s'arrête pas là.

 Driiiiiiiiing
« - Bonjour, Mlle Martin de la World Company, je vous passe M Duschmoll »
- …
- Bonjour, dites vous ne m'avez pas envoyé le pdf pour valider la mise en page.
- Pardon ??!!! Mais qu'est ce que c'est que cette histoire, cette demande me paraît… Vous êtes à la rédaction ici, pas au service pub !
S'ensuit, sur un ton fonction du nombre de fois où tu auras dû t'y plier lors d'un même bouclage, une explication niveau CM1 :  "De la différence entre un article et un publi"
- Ecoutez, je ne comprend pas, votre directrice de la publicité s'y est engagé lorsque nous avons négocié notre insertion dans votre support
- (Gggrrrrrr intérieur bouillonnant contre cette…  cette quoi d'ailleurs ?) Désolé, mais c'est impossible, on n'envoie JAMAIS les pdf des articles.. Je suis sûr que vous comprenez. Nous avons accepté vos corrections, la mise en page ne pose pas de problème.
- J'espère bien…»
On gagne les batailles que l'on peut. Pour la guerre, ne rêvons pas.